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L'intervention de l'État pour lutter contre le chômage : une approche keynésienne

Explorez les fondements de l'intervention étatique contre le chômage selon la théorie keynésienne. Comprenez les mécanismes, les politiques mises en œuvre et leurs impacts potentiels sur l'économie.

Les fondements de la pensée keynésienne et le chômage

L'école keynésienne, du nom de l'économiste John Maynard Keynes, bouleverse la pensée économique classique. Elle propose que le chômage massif, comme celui observé durant la Grande Dépression, n'est pas auto-correcteur. Contrairement aux économistes classiques qui pensaient que le marché s'autorégulait pour atteindre le plein emploi, Keynes démontre que l'économie peut durablement se retrouver en situation de sous-emploi. La demande globale (la somme des dépenses de consommation, d'investissement, des dépenses publiques et des exportations nettes) peut être insuffisante pour atteindre le plein emploi. Le chômage est donc une conséquence directe d'une demande globale faible.

Point clé : Le chômage est involontaire et dû à une insuffisance de la demande globale, et non à un manque de volonté des individus de travailler ou à des salaires trop élevés.

Le rôle de l'État selon Keynes

Face à cette situation, Keynes préconise une intervention active de l'État pour stimuler la demande globale. L'État n'est plus considéré comme un simple arbitre neutre, mais comme un acteur économique majeur capable de relancer l'activité et de réduire le chômage. Cette intervention peut prendre deux formes principales :

1. Politique budgétaire : L'État peut augmenter ses dépenses publiques (investissement dans les infrastructures, aides sociales, etc.) ou baisser les impôts pour augmenter le revenu disponible des ménages et des entreprises. Ces mesures visent à stimuler la consommation et l'investissement. C'est ce qu'on appelle une politique de relance budgétaire.

2. Politique monétaire : La banque centrale peut baisser les taux d'intérêt pour encourager les entreprises et les ménages à emprunter et à investir. Un taux d'intérêt plus faible rend le crédit moins cher, stimulant ainsi la demande globale. L'État peut également influencer la masse monétaire en circulation.

Important : L'intervention de l'État vise à créer un 'effet multiplicateur'. Chaque euro dépensé par l'État génère une augmentation de la demande globale supérieure à un euro, car cet euro est dépensé par une personne qui à son tour dépensera une partie de ce revenu, et ainsi de suite.

Les politiques keynésiennes de lutte contre le chômage : Exemples

Plusieurs politiques concrètes peuvent être mises en œuvre dans une perspective keynésienne :

  • Grands travaux : Investissements massifs dans les infrastructures (routes, ponts, écoles, hôpitaux) pour créer des emplois et stimuler l'activité économique.
  • Aides sociales : Augmentation des allocations chômage, des minima sociaux, etc., pour soutenir le revenu des ménages les plus modestes et stimuler la consommation.
  • Baisse d'impôts : Réduction de l'impôt sur le revenu ou de l'impôt sur les sociétés pour augmenter le revenu disponible des ménages et des entreprises.
  • Politiques de l'emploi : Subventions à l'embauche, formations professionnelles, etc., pour favoriser la création d'emplois et améliorer l'employabilité des chômeurs.

Ces politiques peuvent avoir un impact significatif sur le chômage, mais elles nécessitent une planification rigoureuse et un suivi attentif pour éviter les effets indésirables.

Les limites et critiques de l'intervention étatique

Bien que l'intervention de l'État puisse être efficace à court terme pour lutter contre le chômage, elle présente certaines limites et suscite des critiques :

  • Endettement public : Le financement des dépenses publiques peut entraîner un endettement important de l'État, qui peut peser sur les générations futures.
  • Effet d'éviction : L'intervention de l'État peut concurrencer le secteur privé, en accaparant des ressources financières ou en créant des distorsions sur le marché.
  • Inflation : Une politique monétaire trop expansionniste peut entraîner une hausse des prix (inflation), qui réduit le pouvoir d'achat des ménages.
  • Délais de mise en œuvre : Les politiques économiques mettent du temps à être mises en œuvre et à produire leurs effets, ce qui peut rendre leur impact moins pertinent.
  • Inefficacité : Il est possible que les politiques mises en œuvre n'atteignent pas leur objectif, si elles sont mal conçues ou mal exécutées.

Il est donc essentiel de bien évaluer les avantages et les inconvénients de l'intervention de l'État avant de la mettre en œuvre.

Ce qu'il faut retenir

  • L'école keynésienne considère le chômage comme involontaire, causé par une insuffisance de la demande globale.
  • L'État doit intervenir pour stimuler la demande globale par des politiques budgétaires (dépenses publiques, baisse d'impôts) et monétaires (baisse des taux d'intérêt).
  • Les politiques keynésiennes incluent les grands travaux, les aides sociales, les baisses d'impôts et les politiques de l'emploi.
  • L'intervention étatique peut entraîner un endettement public, un effet d'éviction, de l'inflation et peut être inefficace si mal conçue.

FAQ

  • Qu'est-ce que la demande globale selon Keynes ?

    La demande globale représente la somme de toutes les dépenses dans une économie : la consommation des ménages, l'investissement des entreprises, les dépenses du gouvernement et les exportations nettes (exportations moins importations).
  • Pourquoi Keynes insiste-t-il sur l'intervention de l'État plutôt que de laisser le marché s'autoréguler ?

    Keynes pensait que le marché pouvait rester longtemps en situation de sous-emploi (chômage élevé) et que l'attente d'une autorégulation pourrait causer d'importantes souffrances économiques et sociales. L'État, en stimulant la demande, peut accélérer le retour au plein emploi.
  • Quels sont les exemples concrets de politiques keynésiennes mises en œuvre dans le passé ?

    Le New Deal aux États-Unis durant la Grande Dépression est un exemple classique d'application des théories keynésiennes. Il comprenait des grands travaux, des aides sociales et des réformes économiques pour relancer l'activité.