Le progrès technique et l'innovation : Moteurs de la croissance économique

Définition du progrès technique et de l'innovation

Le progrès technique désigne l'ensemble des améliorations des méthodes de production et des produits, résultant de la recherche et du développement (R&D). L'innovation, quant à elle, est l'application industrielle et commerciale de ces nouvelles connaissances et techniques. L'innovation peut prendre plusieurs formes:

• Innovation de produit: Création de nouveaux biens ou services (ex: smartphone).
• Innovation de procédé: Amélioration des méthodes de production (ex: automatisation).
• Innovation organisationnelle: Nouvelles structures et pratiques managériales (ex: télétravail).
• Innovation de marketing: Nouvelles stratégies de commercialisation (ex: vente en ligne).

Le progrès technique : un facteur de production immatériel

Contrairement au travail et au capital (facteurs de production traditionnels), le progrès technique est un facteur de production immatériel. Il résulte de l'accumulation de connaissances et de savoir-faire. Il permet d'améliorer l'efficacité des autres facteurs de production. Par exemple, un logiciel de gestion (progrès technique) permet à un employé (travail) d'être plus productif. De même, une machine plus performante (progrès technique intégré au capital) permet d'augmenter la production.

Les mécanismes par lesquels le progrès technique favorise la croissance

Le progrès technique stimule la croissance économique par plusieurs canaux :

• Augmentation de la productivité : Le progrès technique permet de produire plus avec moins de ressources (travail, capital, matières premières). Ceci abaisse les coûts de production et augmente les profits des entreprises.
• Création de nouveaux produits et marchés : L'innovation conduit à la création de nouveaux biens et services, répondant à de nouveaux besoins ou offrant des alternatives plus performantes aux produits existants. Ceci stimule la demande et la création d'emplois.
• Destruction créatrice (Schumpeter) : L'innovation entraîne la disparition des entreprises et des secteurs d'activité obsolètes, remplacés par de nouvelles entreprises et secteurs plus performants. Ce processus de « destruction créatrice » est douloureux à court terme (chômage), mais bénéfique à long terme car il permet de réallouer les ressources vers les activités les plus productives. Prenons l'exemple de l'arrivée du numérique qui a détruit de nombreux emplois dans le secteur de l'imprimerie traditionnelle, mais en a créé beaucoup plus dans les secteurs du développement web, du marketing digital, etc.
• Externalités positives : Le progrès technique génère des externalités positives, c'est-à-dire des bénéfices qui profitent à l'ensemble de la société, et pas seulement aux entreprises innovantes. Par exemple, la diffusion des connaissances et des technologies permet à d'autres entreprises d'innover à leur tour. La recherche fondamentale, souvent financée par l'État, est une source importante d'externalités positives.

Mesurer le progrès technique

Il est difficile de mesurer directement le progrès technique. On utilise souvent des indicateurs indirects, tels que :

• Les dépenses de R&D : Elles représentent l'effort consenti par les entreprises et les États pour innover. Cependant, toutes les dépenses de R&D ne se traduisent pas par des innovations réussies.
• Le nombre de brevets déposés : Les brevets protègent les inventions et incitent à l'innovation. Toutefois, tous les brevets ne sont pas exploités commercialement, et certains brevets peuvent être stratégiques (bloquer la concurrence).
• La productivité globale des facteurs (PGF) : C'est la part de la croissance économique qui n'est pas expliquée par l'augmentation des quantités de travail et de capital utilisées. Elle est considérée comme une mesure du progrès technique. Le calcul de la PGF est complexe et fait l'objet de débats méthodologiques.

Les politiques publiques pour encourager le progrès technique

Les pouvoirs publics peuvent jouer un rôle important dans la promotion du progrès technique :

• Financement de la recherche fondamentale : La recherche fondamentale est coûteuse et risquée, et les entreprises privées sont souvent réticentes à investir massivement dans ce domaine. L'État peut financer des laboratoires de recherche, des universités, etc.
• Incitations fiscales à la R&D : Les entreprises peuvent bénéficier de crédits d'impôt pour leurs dépenses de R&D.
• Protection de la propriété intellectuelle : Les brevets et les droits d'auteur protègent les inventions et les œuvres créatives, incitant ainsi à l'innovation.
• Soutien à l'enseignement supérieur et à la formation professionnelle : Un système éducatif de qualité forme des individus capables d'innover et de s'adapter aux nouvelles technologies.
• Création de pôles de compétitivité : Ces regroupements d'entreprises, de laboratoires de recherche et d'établissements d'enseignement supérieur favorisent les synergies et l'innovation.

Le progrès technique et le développement durable

Le progrès technique peut contribuer au développement durable, mais il peut aussi poser des défis.

• Contributions: Le progrès technique peut permettre de réduire la consommation d'énergie, de développer des énergies renouvelables, de concevoir des produits plus durables, de dépolluer les sites industriels, etc. Par exemple, l'innovation dans les batteries permet de développer les véhicules électriques, contribuant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
• Défis: Le progrès technique peut aussi entraîner une augmentation de la consommation de ressources naturelles, une production de déchets plus importante, des pollutions nouvelles, etc. Par exemple, l'essor de l'électronique crée des problèmes de gestion des déchets électroniques (DEEE), souvent exportés vers des pays en développement où ils sont recyclés dans des conditions dangereuses pour la santé et l'environnement.

Ce qu'il faut retenir

• Le progrès technique désigne l'ensemble des améliorations des méthodes de production et des produits. L'innovation est son application industrielle et commerciale.
• Le progrès technique est un facteur de production immatériel qui augmente la productivité des autres facteurs.
• Il stimule la croissance économique par l'augmentation de la productivité, la création de nouveaux produits et marchés, la destruction créatrice, et les externalités positives.
• Le progrès technique est difficile à mesurer directement, on utilise des indicateurs indirects comme les dépenses de R&D, le nombre de brevets, et la productivité globale des facteurs (PGF).
• Les politiques publiques peuvent encourager le progrès technique par le financement de la recherche, les incitations fiscales, la protection de la propriété intellectuelle, le soutien à l'éducation, et la création de pôles de compétitivité.
• Le progrès technique peut contribuer au développement durable en permettant de réduire la consommation d'énergie et de développer des technologies propres, mais il peut aussi poser des défis environnementaux et sociaux.