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Le Wittgenstein du Tractatus: Logique et Image du Monde

Explorez la première phase de la pensée de Wittgenstein à travers le *Tractatus Logico-Philosophicus*. Comprenez sa théorie de l'image, sa conception du langage comme une représentation du monde et sa distinction entre ce qui peut être dit et ce qui doit être passé sous silence. Un guide accessible pour les lycéens.

Introduction: Le projet du Tractatus

Le Tractatus Logico-Philosophicus est la première œuvre majeure de Ludwig Wittgenstein. Écrit pendant la Première Guerre mondiale et publié en 1921, ce court ouvrage a eu une influence considérable sur la philosophie du XXe siècle. L'objectif principal du Tractatus est d'établir les limites du langage et de la pensée, et de clarifier la relation entre le langage, la pensée et le monde. Wittgenstein cherche à identifier la structure logique du langage qui permettrait de représenter le monde de manière précise et sans ambiguïté. Il postule une correspondance structurelle entre le langage et la réalité.

La théorie de l'image (ou de la représentation)

Au cœur du Tractatus se trouve la théorie de l'image (ou de la représentation). Wittgenstein soutient que la pensée (et donc le langage, qui est l'expression de la pensée) est une image du monde. Une image, au sens wittgensteinien, est une structure qui partage une forme logique avec ce qu'elle représente.

Imaginez une photographie d'une scène. La photographie est une image de la scène parce qu'elle reproduit la structure spatiale des objets dans la scène. De même, une phrase est une image d'un fait parce qu'elle reproduit la structure logique de ce fait. Les éléments de la phrase (les mots) correspondent aux éléments du fait (les objets), et la manière dont les mots sont combinés dans la phrase reflète la manière dont les objets sont liés dans le fait.

Pour qu'une image soit une image, elle doit avoir une 'forme de représentation'. La forme de représentation est la possibilité que les choses soient liées entre elles de la même manière que les éléments de l'image. En d'autres termes, l'image doit avoir la capacité de représenter une situation possible dans le monde.

Les propositions élémentaires et les fonctions de vérité

Wittgenstein distingue deux types de propositions : les propositions élémentaires et les propositions complexes. Les propositions élémentaires sont les propositions les plus simples, qui décrivent un état de choses atomique. Un état de choses atomique est une configuration d'objets simples.

Les propositions complexes sont formées à partir de propositions élémentaires en utilisant des connecteurs logiques tels que 'et', 'ou', 'non', 'si... alors...'. La valeur de vérité d'une proposition complexe dépend de la valeur de vérité des propositions élémentaires qui la composent. C'est ce qu'on appelle une fonction de vérité. Par exemple, la proposition 'P et Q' est vraie seulement si P est vraie et Q est vraie. Sinon, elle est fausse.

Wittgenstein utilise des tables de vérité pour illustrer comment la valeur de vérité d'une proposition complexe est déterminée par la valeur de vérité de ses composantes.

Ce qui peut être dit et ce qui doit être passé sous silence

Une des conclusions les plus importantes du Tractatus est la distinction entre ce qui peut être dit et ce qui doit être passé sous silence. Wittgenstein soutient que seules les propositions qui peuvent être formulées de manière logique et qui correspondent à des faits dans le monde peuvent avoir un sens. Les questions éthiques, esthétiques et religieuses, qui ne peuvent pas être réduites à des faits logiques, se situent en dehors des limites du langage significatif.

Wittgenstein ne dit pas que ces questions sont sans importance. Au contraire, il suggère qu'elles sont d'une importance suprême, mais qu'elles ne peuvent pas être abordées de manière significative par le langage. Il conclut le Tractatus en affirmant : 'Ce dont on ne peut parler, il faut le taire'. Cette phrase a été interprétée de différentes manières, mais elle souligne l'idée que certaines réalités transcendent les capacités du langage.

L'échelle qu'il faut jeter

Wittgenstein utilise une métaphore frappante pour décrire la fonction du Tractatus. Il compare son livre à une échelle que l'on doit utiliser pour s'élever au-dessus du langage et de la pensée, mais qu'il faut ensuite jeter une fois que l'on a atteint le sommet. En d'autres termes, le Tractatus est un outil qui permet de clarifier les limites du langage, mais une fois que cette clarification est accomplie, l'outil lui-même devient inutile.

Cette métaphore souligne le caractère paradoxal du Tractatus. Wittgenstein utilise le langage pour montrer les limites du langage, ce qui suggère que le Tractatus lui-même est, en un sens, dépourvu de sens. Cependant, il soutient que le fait de reconnaître les limites du langage est une étape essentielle pour une compréhension plus profonde du monde et de nous-mêmes.

Ce qu'il faut retenir

  • Le Tractatus vise à établir les limites du langage et de la pensée, et à clarifier la relation entre le langage, la pensée et le monde.
  • La théorie de l'image soutient que la pensée est une image du monde, partageant une forme logique avec ce qu'elle représente.
  • Wittgenstein distingue les propositions élémentaires des propositions complexes, et explique comment la valeur de vérité d'une proposition complexe dépend de la valeur de vérité de ses composantes.
  • Il distingue ce qui peut être dit (les propositions logiques) de ce qui doit être passé sous silence (les questions éthiques, esthétiques et religieuses).
  • Le Tractatus est comparé à une échelle qu'il faut jeter une fois qu'elle a servi à s'élever au-dessus du langage et de la pensée.

FAQ

  • Quelle est la théorie de l'image dans le Tractatus?

    La théorie de l'image soutient que la pensée et le langage sont des images du monde, partageant une forme logique avec ce qu'ils représentent.
  • Que signifie 'Ce dont on ne peut parler, il faut le taire'?

    Cela signifie que les questions éthiques, esthétiques et religieuses, qui ne peuvent pas être réduites à des faits logiques, se situent en dehors des limites du langage significatif et ne peuvent pas être abordées de manière significative par le langage.