Philosophie > La Justice et le Droit > Le Droit Naturel et le Droit Positif > Le débat sur la légitimité et la légalité
Légitimité et Légalité: Un Duo Complexe
Explorez les concepts de légitimité et de légalité, leurs différences fondamentales et le débat philosophique qui les entoure. Découvrez comment une loi peut être légale sans être légitime et vice versa, avec des exemples concrets pour une meilleure compréhension.
Introduction : Que signifient Légalité et Légitimité ?
La légalité se réfère à la conformité à la loi. Une action, une règle ou un pouvoir est légal s'il est conforme aux lois en vigueur dans une société donnée. C'est une notion formelle, basée sur des règles écrites et appliquées par les institutions.
La légitimité, en revanche, est une notion plus subjective et morale. Elle se réfère à l'acceptation, à la justification et à la reconnaissance d'un pouvoir, d'une règle ou d'une institution par ceux qui y sont soumis. Un pouvoir légitime est perçu comme juste, équitable et digne d'être obéi, même s'il n'est pas toujours conforme à la loi.
Le Droit Naturel et leur Influence sur la Légitimité
Le droit naturel, concept philosophique ancien, postule l'existence de droits inhérents à la nature humaine, universels et immuables, indépendants des lois positives établies par les sociétés. Ces droits sont souvent considérés comme fondateurs de la légitimité.
Par exemple, le droit à la vie, à la liberté et à la propriété sont souvent cités comme des droits naturels. Une loi qui viole ces droits serait considérée comme illégitime, même si elle est légale selon les procédures établies. Les déclarations des droits, comme la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, s'inspirent largement du droit naturel.
Le Droit Positif : Fondement de la Légalité
Le droit positif, lui, est l'ensemble des règles juridiques en vigueur dans une société à un moment donné. Il est créé par les institutions compétentes (parlement, gouvernement, etc.) et appliqué par les tribunaux. La légalité se fonde sur le respect du droit positif.
Une loi votée par le Parlement et promulguée par le chef de l'État est une loi positive. Son application et son respect garantissent l'ordre social et la sécurité juridique. Cependant, le droit positif peut parfois être en contradiction avec le droit naturel, ce qui pose la question de la légitimité des lois.
Légalité sans Légitimité : Des Exemples Historiques
L'histoire est riche en exemples de lois légales mais illégitimes. Le régime de Vichy, en France pendant la Seconde Guerre mondiale, a promulgué des lois antisémites parfaitement légales selon les procédures en vigueur à l'époque. Cependant, ces lois étaient profondément illégitimes car elles violaient les droits fondamentaux de l'homme et les principes de justice.
De même, certaines lois ségrégationnistes aux États-Unis étaient légales mais considérées comme illégitimes car elles discriminaient une partie de la population sur la base de sa race.
Légitimité sans Légalité : La Désobéissance Civile
La légitimité peut parfois s'exprimer en dehors de la légalité, notamment à travers la désobéissance civile. La désobéissance civile est un acte de résistance non-violent à une loi ou une politique considérée comme injuste. Elle est illégale, mais elle peut être perçue comme légitime si elle vise à défendre des valeurs fondamentales.
Par exemple, Martin Luther King a pratiqué la désobéissance civile pour lutter contre la ségrégation raciale aux États-Unis. Ses actions étaient illégales, mais elles étaient perçues comme légitimes par une grande partie de la population car elles visaient à obtenir l'égalité des droits.
Le Débat Philosophique : Quel est le Critère Ultime ?
Le débat entre légitimité et légalité soulève une question fondamentale : quel est le critère ultime de la justice ? Les positivistes juridiques considèrent que la légalité est le critère principal : une loi est juste si elle est conforme aux procédures établies.
Les tenants du droit naturel, en revanche, estiment que la légitimité est supérieure à la légalité : une loi injuste n'est pas une loi, même si elle est légale. Ce débat est au cœur de la philosophie du droit et de la réflexion sur la justice.
Les enjeux contemporains
Aujourd'hui, le débat sur la légitimité et la légalité reste pertinent face aux enjeux contemporains tels que les lois sur la surveillance, la protection de l'environnement et les droits des minorités. La question se pose toujours de savoir si une loi, bien que légale, est juste et respecte les droits fondamentaux.
Les citoyens, les juristes et les philosophes continuent de s'interroger sur la manière de concilier légalité et légitimité pour construire une société plus juste et équitable.
Ce qu'il faut retenir
FAQ
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Quelle est la différence entre légalité et légitimité ?
La légalité se réfère à la conformité à la loi, tandis que la légitimité se réfère à l'acceptation morale et à la justification d'un pouvoir ou d'une règle. -
Une loi injuste peut-elle être légale ?
Oui, une loi peut être légale si elle est conforme aux procédures établies, même si elle est perçue comme injuste par une partie de la population. -
Qu'est-ce que la désobéissance civile ?
La désobéissance civile est un acte de résistance non-violent à une loi ou une politique considérée comme injuste. Elle est illégale, mais elle peut être perçue comme légitime si elle vise à défendre des valeurs fondamentales.